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chaque jour plusieurs heures, dans la crainte que la mort ne le surprît avant qu’il n’eût achevé de les perfectionner, ce qui ne l’empêcha pas de consacrer aussi, chaque jour, beaucoup de temps aux livres des autres, pour acquérir de nouvelles connaissances. Ainsi travaillant à se détruire avec des efforts d’autant plus désespérés qu’il se sentait défaillir, dégoûté de tout ce qui n’était pas l’étude, la seule douceur désormais permise à sa vie lasse et chancelante, il arriva au 3 octobre. Ce jour-là, s’étant levé en apparence mieux portant et plus gai qu’il n’avait coutume depuis long-temps, il sortit après son étude habituelle du matin, pour se promener en phaéton. Mais il avait à peine fait quelque pas, qu’il se sentit pris d’un froid extrême, et voulant, pour le chasser, se réchauffer, descendre et marcher un peu, il en fut empêché par des douleurs d’entrailles. Il rentra avec un accès de fièvre qui dura quelques heures, et baissa sur le soir. Quoiqu’il fût d’abord tourmenté d’une envie de vomir, il passa la nuit sans trop grandes douleurs, et le lendemain, non seulement il s’habilla, mais il sortit de son appartement, et descendit à la salle à manger pour dîner ; cependant il ne put manger ce jour-là, et il en passa une grande partie à dormir. Il eut ensuite une nuit agitée. Le 5 au matin, après s’être rasé, il voulait sortir pour prendre l’air ; mais la pluie ne le permit pas. Le soir, selon sa coutume, il but son chocolat, et le trouva bon. Mais dans la nuit du 5 au 6, il fut repris de très-vives douleurs d’entrailles. Le doc-