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rien n’est plus trivial ; il y a d’ailleurs, ce me semble, peu de plaisir à en retirer, et pas le moindre fruit. Notre siècle peu fertile en inventions a voulu faire sortir la tragédie de la comédie, en créant le drame bourgeois, que l’on pourrait appeler l’épopée des grenouilles ; moi qui ne sais me plier qu’à la vérité, il m’a paru plus vraisemblable de tirer la comédie de la tragédie. Je le trouve à la fois plus divertissant, plus utile et plus vrai. Il n’est pas rare de voir les grands et les puissans prêter au ridicule ; mais des banquiers, des avocats et autres personnages de la classe moyenne, qui nous forcent à les admirer, c’est ce que l’on ne voit point ; le cothurne ne va point aux pieds qui marchent dans la boue. Enfin j’ai tenté l’épreuve ; le temps et ma conscience, quand je reverrai ces essais, décideront si je dois les garder ou les jeter au feu.






CHAPITRE XXX.

Je développe mes comédies en prose, un an après en avoir fait le plan. — Je laisse passer une autre année avant de les mettre en vers. — Ce double travail altère profondément ma santé. — Je revois l’abbé de Caluso à Florence.


1797. J’atteignis enfin le terme de cette éternelle année 1800, dont la seconde moitié avait été si terrible et si funeste à tous les gens de bien. Dans les premiers mois de l’année suivante, les alliés n’ayant fait que des sottises, il fallut subir cette horrible