Page:Victor Alfieri, Mémoires, 1840.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus tard ce que j’ai fait, de les donner successivement aux trois tragiques, à Aristophane, à Théocrite, et à d’autres poètes ou prosateurs, pour voir s’il me serait possible de couler à fond cette langue, je ne dirai pas de la savoir (ce serait une chimère), mais seulement de l’entendre aussi bien à peu près que je fais le latin. En la perfectionnant, la méthode que j’adoptai me parait bonne à suivre, et je l’expose en détail, dans la pensée que, telle qu’elle est, ou modifiée au gré de chacun, elle pourra servir à ceux qui, après moi, seraient tentés de recommencer cette étude. La Bible, je la lisais d’abord en grec, dans la version des Septante, selon le texte du Vatican, que je confrontai ensuite avec le texte alexandrin. Ensuite, les deux ou trois chapitres au plus qui suffisaient à la matinée, je les relisais dans l’italien des Diodati, toujours si fidèles au texte hébreu ; je les lisais encore dans le latin de la Vulgate, et en dernier lieu dans une traduction latine interlinéaire, faite d’après l’original hébreu. Après plus d’une année d’un commerce si intime avec cette langue, en ayant appris l’alphabet, j’arrivai à pouvoir lire matériellement le mot hébreu et à en saisir le son, ordinairement très-peu agréable, les tournures toujours bizarres pour nous, et mêlées de sublime et de barbare.

Quant à Homère, je commençais par le lire dans le grec, tout haut, sans préparation, et je traduisais littéralement en latin, sans m’arrêter jamais, quelques bévues qui pussent m’échapper, les soixante où quatre-vingts, ou au plus cent vers que