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était mise en œuvre par l’impuissance de l’empereur, combinée avec les impuissances italiennes. Enfin les satires que j’avais composées, morceau par morceau, et à plusieurs reprises corrigées et limées , je les laissai achevées et recopiées au nombre de dix-sept, qu’elles n’ont point dépassé, et que je me suis bien promis de ne plus franchir.

Après avoir ainsi disposé et mis en ordre mon second patrimoine poétique , je cuirassai mon cœur, et j’attendis les événemens ; et pour imposer à ma vie, si elle devait se poursuivre, une règle plus conforme à l’âge où j’entrais, et aux desseins que j’avais formés depuis Iong-temps, dès les premiers jours de 1799, je me fis, pour chaque jour de la semaine, un système régulier d’études, que j’ai constamment suivi jusqu’à ce jour, et que je m’abstiendrai de négliger aussi long-temps que me le permettront la santé et la vie. Le lundi et le mardi, à peine éveillé, je consacrais les trois premières heures de la matinée à lire et à étudier la sainte Écriture, honteux de ne pas connaître la Bible à fond, et d’être arrivé à mon âge, sans l’avoir encore lue. Le mercredi et le jeudi je lisais Homère, cette autre source de toute inspiration littéraire. Le vendredi, le samedi et le dimanche, durant toute la première année et au-delà, je les destinais à l’étude de Pindare, comme le plus difficile et le plus scabreux de tous les grecs et de tous les lyriques dans toutes les langues, sans même en excepter Job et les prophètes. Ces trois derniers jours, je me proposais