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six ans, formait pour le moins seize cents volumes

J’ai maintenant une raison de plus pour désirer bien ardemment d’aller au moins jusqu’à Florence. Je m’estimerais infiniment heureux, monsieur le Comte, de pouvoir m’y rendre auprès de vous, et de faire personnellement connaissance avec un homme qui honore sa nation et son siècle, par son génie et par l’élévation des sentimens qui respirent dans ses ouvrages.

Agréez, je vous prie, l’assurance de ma profonde estime, de mon admiration et de mon entier dévouement.

SECONDE RÉPONSE d’AlfIEIU.

Florence, le 4 juin 1798.

Mon Irès-honorô maître,

Puisque vous avez lu et que vous lisez encore quelquefois mes ouvrages, vous êtes certainement bien convaincu que la dissimulation n’est pas dans mon caractère. Je vous dirai donc ingénuement que s’il m’en a coûté beaucoup de répondre à votre première lettre, c’est avec effusion de cœur que je réponds à la seconde, s’il est vrai que sans m’exposer à passer pour un impudent ou pour un indiscret, il me soit permis de séparer l’homme de lettres de M. l’ambassadeur de France et de ne répondre qu’au fils d’Apollon. Les re-mercieniens que je viens vous offrir pour le service bien signalé que vous me rendez’, je les exprimerai en peu de mots, précisément parce que le bienfait est de telle nature que les paroles seraient insuffisantes. Je me bornerai donc à vous dire que vous avez agi envers moi comme en pareille circonstance j’aurais voulu le faire avec vous, trop heureux d’en trouver une occasion. Quant au secret que vous me faites demander sur tout ceci par l’entremise de M. l’abbé de Caluso,