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Cependant après nous être embarqués pour la France et avoir débarqué à Calais, avant d’aller de nouveau nous renfermer à Paris, nous résolûmes de faire une excursion en Hollande. Mon amie voulait voir ce rare monument de l’industrie humaine, et c’était une occasion qui jamais peut-être ne se retrouverait. Nous allâmes donc en suivant la côte, jusqu’à Bruges et Ostende, et de là, par Anvers, à Amsterdam, à Rotterdam, à la Haye, et à la Nord-Hollande. Ce fut un voyage d’environ trois semaines ; à la fin de septembre, nous étions de retour à Bruxelles, où nous nous arrêtâmes quelques semaines, mon amie y ayant sa mère et




reusc, quoique la sensibilité et la droiture de votre âme vous le fassent craindre. Vous êtes au contraire la cause de ma délivrance d’un monde dans lequel je n’étais aucunement formée pour exister, et que je n’ai jamais un seul instant regretté. Je ne sais si en cela j’ai tort, ou si un degré de fermeté ou de fierté blâmable me fait illusion, mais voilà comme j’ai constamment vu ce qui m’est arrivé, et je remercie la Providence de m’avoir placée dans une situation plus heureuse peut-être que je n’ai mérité. Je jouis d’une santé parfaite que la liberté et la tranquillité augmentent ; je ne cherche que la société des personnes simples et honnêtes qui ne prétendent ni à trop de génie, ni à trop de connaissances qui embrouillent quelquefois les choses, et au défaut desquelles je me suffis à moi-même par le moyen des livres, du dessin, de la musique, etc. Mais ce qui m’assure le plus le fonds d’un bonheur et d’une satisfaction réelles, c’est l’amitié et l’affection immuable d’un frère que j’ai toujours aimé pardessus tout au monde, et qui possède le meilleur des cœurs.