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pinceau, quand il s’agit de peindre les autres, jamais le miroir pour nous y voir nous-mêmes et nous y reconnaître.

Le journaliste de Pise ayant à donner ou à insérer dans sa feuille un jugement critique sur ce troisième volume de mes tragédies, trouva plus court et plus facile de transcrire tout uniment cette lettre de Cesarotti, avec mes notes qui lui servent de réponse. Je restai à Pise jusqu’à la fin d’août 1785, mais sans y rien écrire depuis ces notes ; je me bornai seulement à faire recopier les dix tragédies imprimées et à mettre à la marge beaucoup de changemens qui alors me parurent suffire. Mais quand plus tard je m’occupai de ma réimpression de Paris, je les trouvais plus qu’insuffisants, et il fallut alors en ajouter quatre fois autant pour le moins. Au mois de mai de cette même année, je me donnai à Pise le divertissement du jeu du pont[1] spectacle admirable, où l’antique se mêle à je ne sais quoi d’héroïque. Il s’y joignit encore une autre fête fort belle aussi dans son genre, l’illumination de la ville entière, comme elle a lieu, tous les deux ans, pour la fête de saint Ramieri ; ces deux fêtes furent alors célébrées ensemble, à l’occasion du voyage que le roi et la reine de Naples firent en Toscane pour y visiter le grand duc Lèopold, beau-frère de ce roi. Ma petite vanité eut alors de quoi

  1. C’est une espèce de tournoi qui se célèbre encore de nos jours. (Note du Traducteur.)