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CHAPITRE XXI

DEPUIS NOTRE TROISIÈME ENTRÉE À LAVAL [1]
JUSQUE VERS LE 1er JANVIER 1794


Nous étions logés, à Laval, dans la même maison qu’à l’ordinaire, chez M. de Monfrand, gentilhomme fort riche, mais cette fois il n’y était pas : il avait été arrêté avec sa mère, ils furent guillotinés peu après, malgré les efforts de sa jeune femme pour le sauver ; le prétexte en fut qu’il nous avait reçus chez lui. Il allégua vainement la vérité, qu’une armée entrant dans une ville, les habitants n’étaient plus les maîtres ; sa maison étant la plus belle, il avait logé alternativement les généraux des deux partis ; on le fit périr [2] comme royaliste : dans le fait, il l’était, mais d’une manière très passive,

  1. 13 décembre.
  2. M. de Monfrand ne périt point ; il est resté longtemps en prison et il vit encore. (Note du manuscrit.)

    Nicolas Rousseau de Monfrand, né le 27 janvier 1765, est mort le 10 septembre 1840. Il avait été emmené de Laval avec sa mère et une bande de prisonniers, au moment du retour des Vendéens, Enfermé à Angers, il fut épargné, grâce aux démarches de sa femme, Marie-Marguerite-Louise Dumans, et élargi par arrêté du 12 ventôse an II, 2 mars 1794, Ce même jour mourait dans la prison des Carmélites, à Chartres, sa mère, Marie Duchemin, âgée de 52 ans, veuve de Jean Rousseau de Monfrand. Elle était détenue comme suspecte, pour avoir logé M. de Lescure dans sa maison à Laval, 3, place du Gast.