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CHAPITRE XIX

DEPUIS NOTRE RETOUR À DOL
JUSQU’À LA LEVÉE DU SIÈGE D’ANGERS [1]


Nous voici arrivés à une des époques les plus fameuses, aux célèbres batailles de Dol. Cette ville est petite et ne consiste guère qu’en une large rue, qui va toujours en descendant du côté de Dinan ; en haut est un grand chemin partagé en deux branches, dont l’une mène à Pontorson et l’autre à Antrain et Fougères. Nos canons et caissons occupaient en file tout le milieu de la rue, surtout dans la partie haute de la ville, et allaient jusqu’aux premières maisons. Il était impossible d’avoir des sentinelles, principalement la nuit ; outre que tout le monde était accablé de fatigue, on ne pouvait y astreindre nos gens ; à la vérité, comme ils couchaient tout habillés, ils étaient bientôt sous les armes.

Vers les neuf heures du soir, des hussards en patrouille vinrent jusqu’aux premiers canons ; aussitôt les cris : Aux armes ! furent répétés mille fois. En un clin d’œil, les soldats sortirent en foule des maisons, les hussards s’enfuirent avec précipitation : cela me réveilla. Maman me dit qu’on avait soupé, et que je

  1. 20 novembre — 4 décembre.