Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vière fils[1], Poitevin, excellent sujet, et M. de la Bigotière[2], émigré, d’un courage à toute épreuve, se mirent dans la grande armée. M. de Doramaigné étant mort, on voulut nommer un général de la cavalerie ; on hésita entre Forest et Henri Forestier ; ce dernier cependant emporta tous les suffrages, quoiqu’il n’eût que dix-huit ans ; par modestie, il n’en voulut jamais prendre le titre, mais on le regardait comme tel, malgré lui.

Nous trouvâmes tant de salpêtre et de soufre à Saumur, qu’on chercha à fabriquer des moulins à poudre ; on y réussit à force de peine, à Mortagne et à Beaupréau, par les soins de MM. de Marigny et d’Hauterive. Ce qu’on faisait ne suffisait pas aux besoins de l’armée, à beaucoup près, malgré toute l’économie possible ; cependant c’était toujours une grande ressource et un supplément à ce qu’on prenait aux Bleus à chaque combat. On envoya tous les canons et la poudre à Mortagne, que l’on choisit pour dépôt ; on en fit un aussi à Beaupréau, mais petit. Du reste on n’avait point enlevé de magasin de poudre, ni d’armes, mais tout ce qui était pour le service de l’armée ennemie, et c’était très considérable.

On prit aussi beaucoup de blé à Chinon ; il y avait un magasin de vivres de la république (car, comme je crois l’avoir observé, on ne touchait jamais aux biens des particuliers), on en fit passer une grande partie dans la Vendée. Ce n’était pas toutefois ce dont on avait le plus besoin : c’était de sel, de savon, d’huile et surtout de drogues, on en acheta le plus possible ; quant au blé, aux bœufs, fourrages, etc., la Vendée en abondait.

  1. Louis-Charles Denis de la Guérivière fut tué à Laval le 23 octobre 1793. Il était fils de Rémy-Charles-Étienne Denis, seigneur du Chiron et de la Guérivière, dans la paroisse du Temple en Poitou, receveur des tailles à Châtillon, et de Louise-Angélique Ayrault, tous deux fusillés au Mans le 26 frimaire an II, 16 décembre 1793. Sa sœur, Élisabeth-Charlotte, porta par mariage, en 1796, le nom de la Guériviére à Jean-Fidèle de Bersy, qui avait été blessé et son père tué dans la garde suisse le 10 août 1792.
  2. Le chevalier de la Bigotière, sieur de Porchambault en Anjou, et son frère, furent pris après la bataille du Mans et fusillés, en décembre 1793.