Page:Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein - Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors on l’ouvrit, les canons firent une décharge, et les Vendéens se précipitèrent sur les patriotes ; ils les taillèrent en pièces, prirent tous leurs canons et les mirent en complète déroute. Les Bleus, tant par leur propre peur que par celle inspirée aux bourgeois de Thouars par nos paysans, n’osèrent pas s’arrêter dans cette ville, distante seulement de quatre lieues de Montreuil, et s’enfuirent jusqu’à Loudun, mais en très petit nombre ; la plupart étaient tués, les autres couraient à l’aventure, à la débandade. Nous perdîmes aussi du monde à cette affaire parce que, se battant de nuit, on tirait les uns sur les autres[1].

Le lendemain matin on délibéra pour savoir comment on attaquerait Saumur ; on voulait attendre l’armée de M. de Bonchamps qui devait arriver dans la journée[2], mais sans lui, car il était retenu par ses blessures. Tout d’un coup on vit les soldats se mettre en marche et prendre le chemin de Saumur. MM. de Lescure, de la Rochejaquelein, Cathelineau, de Marigny, Stofflet sortirent pour voir ce qui se passait ; ils trouvèrent tous les soldats courant et répétant : Vive le Roi ! Nous allons à Saumur. Ces messieurs arrivèrent au pont qu’ils avaient fait garder dans la nuit ; la plupart des paysans l’avaient passé, et les premiers n’étaient plus qu’à une demi-lieue de Saumur ; ils firent[3]

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


allaient être hachés en pièces, ils tâcheraient avec leur armée de sauver la nôtre. Cela tourna bien différemment qu’on ne

  1. Voir à l’appendice, note III.
  2. Les soldats de Bonchamps étaient venus pour attaquer les Bleus en flanc ; des paysans placés en avant, dans des jardins, les prirent pour des républicains et en blessèrent une soixantaine. L’armée de Bonchamps était donc à l’affaire de Montreuil et s’y battit très bien ; on n’eut pas à l’attendre pour le lendemain. (Note du manuscrit.)
  3. Demi-page volontairement déchirée par l’auteur dans le manuscrit original et dans la copie Beauvais.