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à M. de Beauvollier sa place au conseil de guerre et infiniment de considération et d’autorités ; il avait d’autant plus d’ouvrage qu’étant toujours à Châtillon, on s’adressait à lui pour des milliers d’affaires.

Telles furent les dispositions établies à la hâte ; les généraux s’en occupèrent les trois ou quatre jours qu’ils restèrent à Fontenay. On aurait dû, pour bien faire, le lendemain de la prise de cette ville, marcher sur Niort, à sept lieues de là ; mais plusieurs personnes voulaient qu’on fût attaquer les Sables, quoique cela n’eût pas le sens commun, puisque notre pays restait alors sans défense. D’autres disaient que sûrement le pont de la Sèvre serait coupé pour se rendre à Niort, et que cela présenterait bien des difficultés, Pendant ce débat, le lendemain matin de la bataille, on s’aperçut que les paysans s’en retournaient en foule pour raconter leurs prouesses dans leurs villages ; alors il n’était plus temps de se mettre en marche sur Niort. Il aurait fallu partir dès la pointe du jour, pour retenir les soldats, et il est probable que Niort eût été pris ; peut-être fût-ce un bonheur qu’on n’y allât pas, car une nouvelle armée, et bien plus formidable, venait nous attaquer du côté de Saumur, Fontenay fut abandonné : c’est une ville dans la plaine, sans défense et entourée de paysans patriotes. Il n’y fut commis aucun mal, et même, à la sollicitation des dames nobles de la ville, on relâcha trois administrateurs du département qui avaient été pris.

À peine chacun était-il revenu chez soi pour se réjouir de la


    des commissaires auprès des armées pour relever l’état de tout ce qui se trouvait dans les villes qu’on prenait, et faire tout parvenir dans le pays insurgé, On compta parmi ces commissaires MM. Rogier (de Thouars)*, Bréchard (de Fontenay)** et Trotouin, dont on a tant parlé depuis. (Note du manuscrit.)

    *René-Charles-Louis-Philippe Rogier, né à Niort le 10 novembre 1735, fils de Charles-Gabriel Rogier, écuyer, seigneur du Rothemont, dans le duché de Thouars, et de Marie-Renée Brunet. Il avait épousé en 1754 Louise-Françoise de Tusseau, et fut condamné à Saumur, par la commission militaire le 30 frimaire an II, 20 décembre 1794.

    **Charles Bréchard, né aux Sables-d’Olonne le 9 novembre 1768, fils de Mathurin-François Bréchard, sénéchal de Talmond, et de Louise Ranfray de la Rochette, avait épousé Françoise, fille de Guillaume-Aimé Dupleix, lieutenant général de l’amirauté. Commissaire du conseil supérieur de la Vendée, puis secrétaire du comte de Puisaye, qui commandait les chouans en Bretagne, plus tard avocat, il mourut à Fontenay-le-comte le 6 juin 1819.