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vieux et respectable militaire préféra se battre que prendre place dans le conseil, et fut le modèle des officiers,

Les généraux chargèrent le conseil supérieur de tout ce qui regardait la police du pays ; on ordonna en même temps qu’il serait nommé des conseils particuliers dans chaque paroisse, parmi les gens les plus probes et les plus sages. Les généraux ordonnèrent aussi que les paysans de chaque paroisse se choisiraient un commandant qui saurait le nombre de ceux qui se rendraient à l’armée, afin de pouvoir en instruire les généraux et d’avoir la distribution du pain et de la viande. On voulut nommer un trésorier qui fût en même temps commissaire des vivres pour la grande armée. On décida M. de Beauvollier l’aîné à remplir cette charge, malgré sa répugnance ; il en était vraiment capable, mais il ne l’accepta que pour le bien de l’armée, car cela devait le priver d’aller souvent au combat, ce qui était affligeant pour un militaire. On lui remit la caisse de 900 000 livres en assignats ; il alla s’établir à Châtillon. Il payait sur l’ordre des généraux. Il distribuait des vestes légères et des souliers aux soldats qui étaient pauvres ; il avait une besogne énorme quant aux vivres. Il avait sous lui M. de Nesde[1] pour l’Anjou et M. Morinais pour le Poitou (je ne sais pas bien au juste leurs noms), officiers pleins de zèle, d’intelligence et de bravoure ; ils employaient beaucoup de gens qui n’étaient pas propres à la guerre et qu’on faisait commissaires des vivres[2]. On conserva

    Louis, volontaire dans la grande armée vendéenne, il eut un bras emporté au siège de Granville et fut conduit au Mans ; dans la déroute il fut pris et massacré, en décembre 1793.

  1. René Lerou de Nesde, de la paroisse de Saint-Cyr-la-Lande, dans le duché de Thouars, avait épousé Marie-Anne Ernoult de Morains. Il mourut au château de Morains, commune de Dampierre près Saumur, le 19 avril 1811, à l’âge de soixante-douze ans.
  2. La caisse générale de l’armée fut mise entre les mains de M. Cousseau de Lépinay*, qui rendait ses comptes au conseil supérieur. Dans la suite, on envoya

    * Alexis Cousseau de Lépinay, conseiller du Roi en l’élection de Châtillon, marié en 1766 à Radégonde Baudry, fut pris par les républicains à la Menantière, paroisse de Combrand, et fusillé avec sa femme à Bressuire, sur la charette qui les amenait.