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MM. Duhoux et de Boisy, trop de nullité ; mon père, MM. de Lescure et de Marigny étaient arrivés à l’armée la veille de la prise de Thouars ; M. de Bonchamps n’y avait nul intérêt, puisque l’évêque fut plus de deux mois sans aller dans le pays qu’il commandait et resta dans le nôtre. Tous enfin étaient bons chrétiens, honnêtes gens et hommes d’honneur. Non, ce fut le désordre, la confusion, la bonne foi et l’enthousiasme qui furent cause de la crédulité et de la légèreté avec lesquelles on le reçut.

[J’ai su depuis, qu’ayant été caché, six mois avant, à Poitiers, il y jouait déjà le rôle d’évêque, et avait trouvé le moyen d’entrer en correspondance avec M. Brin, curé de Saint-Laurent-sur-Sèvre, et les missionnaires de cet endroit, tous gens si respectables : c’est ce qui décida les généraux à le croire évêque. De plus, il était connu par M. de Villeneuve du Cazeau, qui l’avait vu au séminaire ; enfin, son nom de Folleville[1] rendait encore plus croyable qu’il fût évêque.]

Les combattants se rassemblèrent en foule, il se trouva près de quarante mille hommes avec le corps de Bonchamps, mais on n’avait point de poudre ; l’armée alla coucher devant la Châtaigneraie, qui avait été occupée de nouveau par les républicains. Le lendemain, au point du jour, la ville se trouva évacuée, tous les Bleus s’étaient repliés sur Fontenay. L’armée catholique y marcha sur-le-champ et se trouva sur le midi à Pissotte, à trois quarts de lieue de Fontenay ; les Bleus, au nombre de dix mille, avec plus de quarante pièces de canon, étaient rangés en bataille devant la ville. On fit donner l’absolution aux soldats avant le combat. Les généraux leur disaient : « Mes enfants, nous n’avons pas de poudre, allons reprendre Marie-Jeanne à coups de bâton, comme au commencement ; à

  1. C’est à tort qu’on le crut noble. Son grand-père, Jean-Joseph Guillot, était commissaire général et ordonnateur de la marine à Saint-Malo ; son père, Frédéric-Joseph Guillot, était commissaire.