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au gain de la bataille : s’étant aperçu qu’une colonne ennemie cherchait à nous tourner, il fit marcher sur elle et nous sauva.] La Châtaigneraie ne fut point pillée, mais on cassa les meubles dans quelques maisons[1].

Ensuite l’armée marcha sur Fontenay, mais les paysans, fatigués d’être depuis longtemps sous les armes, s’en retournèrent pour la plupart ; il ne resta que sept mille hommes à peu près, il y en avait dix mille dans Fontenay. On donna à MM. de Lescure et de la Rochejaquelein le commandement de l’aile gauche ; ils battirent les Bleus qui leur étaient opposés et avancèrent jusque dans les faubourgs de la ville ; mais notre corps d’armée et notre aile droite furent repoussés et prirent la fuite. La bataille s’était donnée avec tant de confusion, que nos canons se trouvèrent engagés à la file les uns des autres, et sans être gardés par des soldats ni des officiers d’artillerie, tous, même M. de Marigny, s’étant mis étourdiment dans la cavalerie, pour charger ; les canonniers perdirent la tête, ne tirèrent même pas et abandonnèrent leurs pièces[2], M. d’Elbée fut blessé à la cuisse, M. de la Marsonnière fut pris avec plus de deux cent quarante paysans. On crut que toute notre aile gauche se trouverait enveloppée et serait détruite ; les fuyards du reste de l’armée le disaient, mais elle se retira en bon ordre, quoique toujours harcelée, et sauva deux canons, n’en abandonnant qu’un dont l’affût était cassé ;

  1. Ce fut à la bataille de la Châtaigneraie que M. de Lescure mit à l’épreuve M. de la Ville-Baugé qui s’était attaché à lui : c’était son premier combat dans notre armée. Il le conduisit dans un chemin étroit et creux, sur la droite de la ville, lui donna deux cents paysans à commander. Il s’agissait d’empêcher le passage d’une colonne républicaine. Après l’avoir placé convenablement, il lui ordonna de rester jusqu’à son retour. Les républicains faisaient un feu terrible ; mais il tint intrépidement à son poste pendant près d’une demi-heure, jusqu’à ce qu’il fut relevé par M. de Lescure. (Note du manuscrit.)
  2. Il n’est pas exact qu’à la bataille ou déroute de Fontenay, M. de Marigny ait abandonné ses canons pour charger avec la cavalerie. La déroute fut si prompte, que tout le monde perdit la tête. On ne fit rien pour sauver les pièces, on les laissa en bataille, à l’exception de deux qui étaient à l’aile gauche, avec MM. la Rochejaquelein et de Lescure. (Note du manuscrit.)