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M. de Beauvollier, frère du chevalier âgé de vingt-huit ans, avait servi ; c’était l’homme le plus actif qu’on pût trouver. J’aurai bien souvent occasion de parler de lui ; il était fort vif, fort sensible et en même temps très dur pour le service, exact, ferme et propre à tous les objets de détail et tout ce qui demandait beaucoup de suite et de soins[1]. Dans le premier moment il se mit officier d’artillerie, ainsi que MM. de la Marsonnière et de Sanglier. Ces deux derniers avaient quarante ou cinquante ans, hommes peu brillants, mais singulièrement braves, honnêtes et pleins de bonne volonté ; le premier avait servi dix-huit ans dans l’artillerie et était fort bon officier[2]. Le chevalier de Mondion[3] était un jeune homme de quatorze à quinze ans, grand et fort pour son âge, d’une belle figure, d’un courage surprenant ; il était plein d’esprit et fort vif ; ses trois frères étaient émigrés. Resté à Paris dans la pension de M. Paulette, il s’échappa avec un faux passeport qu’il avait fabriqué, et il vint nous rejoindre.

M. de la Ville-Baugé[4], habitant de Thouars, qui avait été forcé de prendre les armes contre nous, demanda à servir le Roi dans l’artillerie ; c’était un homme de vingt-neuf ans, extrême-

    Poitou, né à Saint-Clair le 12 novembre 1747, lieutenant au corps royal d’artillerie en 1768, avait donné sa démission à la mort de son père en 1776. Il était en prison à Loudun pour avoir envoyé de l’argent à son fils émigré. Il s’échappe après la victoire des Vendéens à Thouars. Il fit vaillamment son devoir dans toute la campagne de la grande armée, et périt à la bataille de Savenay.

  1. Le portrait de M. de Beauvollier l’aîné est très flatté. (Note du manuscrit.)
  2. M. de Sanglier, vieux et malade, ne s’est jamais battu.

    M. de la Marsonnière n’avait pas de brillant ; mais il était un des meilleurs officiers de l’armée, toujours à sa place, sans chercher à se faire remarquer. (Note du manuscrit.)

  3. Louis de Mondion de Chassigny, fils de Jean-Vincent de Mondion, écuyer, seigneur de Chassigny, près Loudun, et de Marie-Louise-Thérèse de la Châtre. Il fut de ceux qui, après la déroute de Savenay, cherchèrent à enlever Ancenis. Il fut pris et fusillé à Angers en janvier 1794
  4. Pierre-Louis de la Ville, chevalier, seigneur de Baugé près Thouars, né le 24 février 1764, fit toutes les guerres de la Vendée, refusa de l’emploi sous l’Empire, fut nommé en 1814 chevalier de Saint-Louis, et en 1815 grand prévôt de la Côte-d’Or, devint maire de Thouars en 1821, et mourut le 16 octobre 1834.