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grande armée. Il y avait à Saint-Laurent-sur-Sèvre le chef d’un ordre de sœurs grises, appelées Sœurs de la Sagesse ; cet établissement n’était pas encore détruit, et comme plusieurs maisons qui en dépendaient avaient été ruinées, il s’y trouvait cent religieuses hospitalières réunies. Dans le même bourg étaient les missionnaires du Saint-Esprit. Ces deux communautés s’étaient chargées des blessés et en prenaient les plus grands soins ; dans divers autres endroits, des chirurgiens en rassemblaient aussi ; les Bleus étaient soignés absolument comme les nôtres.

Nous partîmes le 4 au matin de Bressuire, maman, ma tante, M. d’Auzon, M. et Mlle des Essarts et moi. Quand nous fûmes à un quart de lieue de Châtillon, tous les gens de la ville vinrent au-devant de nous, sous les armes, avec un tambour à leur tête ; ils criaient : Vive le Roi, vive la noblesse, vivent les prêtres ! Ils nous demandaient où étaient M. de Lescure et les autres ; nous leur répondions : À l’armée. Les cris de Vive la noblesse redoublaient ; nous pleurions d’attendrissement et de joie. À notre arrivée à Châtillon, une espèce de conseil de ville qu’on avait établi vient nous complimenter et nous force d’accepter d’être reconduits par une garde d’honneur ; nous la congédions au bout d’un quart de lieue, en lui donnant trente louis ; nous arrivons le soir à la Boulaye et nous nous y établissons.