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prie de remarquer que toutes les personnes qui s’appuient sur cette dévotion réussissent dans toutes leurs entreprises. » Ces paroles y étaient mot pour mot ; précisément les révoltés avaient tous attaché un sacré-cœur à leur habit, nous l’ignorions entièrement ; nous ne savions pas non plus que M. de la Cassaigne eût écrit ; nous l’apprîmes quelques jours après. Aussi nous ne pouvions nous expliquer l’aventure qui nous arriva et qui nous parut incompréhensible.

Le lendemain matin du jour où M. de la Rochejaquelein (que j’appellerai désormais Henri, pour abréger) envoya son domestique, nous sommes réveillés à sept heures par nos gens. Ils venaient nous dire que toutes les portes et avenues du château étaient gardées par deux cents volontaires à pied et qu’il y avait dans la cour vingt gendarmes portant des ordres du district. Nous cachons Henri, craignant pour lui, parce qu’il était de la garde du Roi, et nous allons savoir des gendarmes ce qu’ils veulent. Le district faisait demander tous les chevaux, équipages, fusils, munitions, et M. de la Cassaigne. M. de Lescure se mit à rire et dit aux gendarmes qu’il semblait qu’on crût sa maison un arsenal, et M. de la Cassaigne, le général d’une armée invisible ; du reste il imaginait qu’on pouvait avoir besoin d’armes et de chevaux ; mais, quant à M. de la Cassaigne, le district avait été sûrement induit en erreur ; c’était un homme infirme, paisible, et il mourrait de peur si on l’arrêtait ; il allait écrire au district, et en répondait corps pour corps, afin de le représenter sitôt qu’on l’exigerait. Les gendarmes firent difficulté, mais le brigadier, nommé Bâty, prit M. de Lescure à part, lui dit qu’il pensait comme nous, nous raconta que les révoltés avaient battu les Bleus à Montaigu, nous donna beaucoup de détails, et, comme il croyait nos partisans plus forts qu’ils n’étaient en effet, il promit à M. de Lescure de faire tout ce qui dépendrait de lui pour l’obliger, et le pria de tâcher de contenter le district, en lui accordant pourtant le moins possible. La seule grâce qu’il