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Ainsi, dans ce féerique et radieux décor,
Les amants enchantés laissent couler leur vie.
Les siècles passeront. Ils s’aimeront encor.

L’heure ici va, légère, et d’une aile ravie,
Comme un oiseau qui vole à travers la clarté ;
D’une autre, plus charmante, elle sera suivie.

L’amante gardera sa folle royauté,
Et l’amant bien épris bénira son servage,
Tant qu’il aura sa douce reine à son côté.

Qu’au loin le vent bataille avec la mer sauvage !
La galère d’argent qui porte leur amour
Restera, dans les fleurs, enchaînée au rivage.

Ils verront sans regret s’envoler tour à tour
Leurs songes, plus légers que le vol d’une abeille ;
Ils seront toujours beaux comme le point du jour.

La tendresse en leurs cœurs sera toujours pareille ;
Sans se lasser jamais, leurs baisers chanteront,
Comme un nid dans les bois, que le matin réveille.

Ils iront côte à côte, une lueur au front,
Et, les soleils couchés, quand finira le monde,
Une dernière fois leurs lèvres se joindront.

Je ne plains pas Merlin, prisonnier de sa blonde !