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« Tout ce qui charme en moi, le maître l’a voulu.
Ô maître, doux ami, rapportez-vous ce livre
Où, si près l’un de l’autre, un jour nous avons lu ?

« J’étais comme en prison. Votre voix me délivre.
Ne m’entendiez-vous pas ? Mon cœur vous appelait,
Allez dans la lumière et laissez-moi vous suivre. »

Ils se sont pris la main. Leur bonheur est complet,
Ils s’en vont effeuillant les roses du parterre,
Écoutant la fauvette et le rossignolet.

Merlin, qui tant de mois a vécu solitaire,
Contemple Viviane et ne peut s’en lasser.
Son cœur est si rempli qu’il a peine à se taire.

— « Peut-être, mon amour, vas-tu te courroucer.
Je ne suis pas l’enfant que je te parais être.
J’ai l’habit d’un danseur et ne sais pas danser.

« Mon nom d’ailleurs est grand et tu dois le connaître.
On m’appelle Merlin. Les Mages d’Orient
Comme les gens d’Arthur m’ont proclamé le Maître. »

Oh ! que l’œil de la belle est devenu brillant !
— « Bel ami, doux ami, vous manquez de prudence.
J’avais tout deviné, dit-elle en souriant.