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V


Un an s’est écoulé. Merlin revient de guerre.
Il a tant combattu qu’il se sent fatigué.
Bah ! la fatigue est loin. Car il n’y pense guère.

Par la forêt joyeuse il chemine, il est gai ;
Il est redevenu l’écolier en maraude
Qui chante la jeunesse et l’espérance, ô gué.

Un lièvre qui détale, une abeille qui rôde,
C’est tout ce qu’on peut voir et tout ce qu’on entend,
Et la lumière est d’or sous le bois d’émeraude.

Bientôt s’est éveillé le rossignol chantant.
Le bon Merlin lui rend ses devoirs, puis il pense
À l’oiseau merveilleux qui soupire et l’attend.

Arthur de tout service aujourd’hui le dispense.
Il est libre et voici le jardin sans pareil
Où comme un lys d’amour fleurit sa récompense.

Ô bonheur ! Viviane est là dans le soleil ;
À la claire fontaine elle rêve, seulette,
Et jamais un printemps n’eut le teint si vermeil.