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Hourrah ! La ronde passe et repasse. Un baiser
S’échappe tout à coup, implorant qui le veuille,
Et parmi tant de fleurs ne sait où se poser.

De l’œillet au muguet, du lys au chèvrefeuille,
Il plane, dans la brise embaumée, et toujours
Une bouche adorable est là qui le recueille.


IV


Viviane regarde. En ses yeux de velours
Tremble languissamment la radieuse image
Du palais fantastique avec ses quatre tours.

Merlin se dresse. Il fait un grand geste de mage.
Dames, seigneurs, château, tout disparaît soudain.
Et Viviane dit : « Oh ! comme c’est dommage !

« Ami, si vous m’aimez, épargnez ce jardin.
Mais lui n’a déjà plus son allure farouche.
C’est, comme tout à l’heure, un amoureux blondin.

— « Vois ces fleurs. Qu’en passant ta douce main les touche,
Leur tendre coloris sera plus éclatant ;
Elles n’auront jamais la fraîcheur de ta bouche.