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IV


C’en est fait, c’en est fait. La rafale a soufflé,
Les arbres dépouillés ont incliné leur tête,
Le château de la Joie, hélas ! s’est écroulé.

Les ombrages discrets et les salles de fête
Où voltigeaient le rire et les propos galants,
N’entendront désormais parler que la tempête.

Porches enguirlandés, marbres étincelants,
Images de douceur et de mélancolie,
Endormez-vous, dans l’herbe, avec les rosiers blancs.

Celui qui vous a faits maintenant vous oublie ;
Votre gloire est à terre et ne peut refleurir.
Vous avez moins duré qu’un moment de folie !

Au prochain renouveau bien des cœurs vont s’ouvrir,
Mais tu ne viendras plus, à l’aube, ô mon aimée,
Me dire un de ces mots dont on voudrait mourir ;

Je n’irai plus, craintif, à travers la ramée,
Éveiller d’un baiser la Belle au bois Dormant ;
La porte aux clous d’ivoire est à jamais fermée.