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II


Ô jeunesse aux grands yeux, jeunesse aux cheveux blonds
Qui poses, dés l’aurore, un pied dans la rosée ;
Dame du clair matin, pareille à l’épousée
Que le seigneur amène au son des violons,

Toi qui vas les bras nus, les tresses dénouées,
Rieuse, à travers l’ombre et la nuit et le vent ;
Toi qui pour diadème as le soleil levant
Et dont la robe rose est faite de nuées,

Que ton charme est puissant et doux ! Les plus hardis,
Fléchissant le genou, t’adorent en silence ;
Pur comme l’encensoir qu’une vierge balance,
Le ciel se teint pour toi d’un bleu de Paradis ;

Et dans le pays vert où ta grâce ingénue
Sous le baiser d’avril éclate en liberté,
Pleins de ton allégresse et fous de ta beauté,
Les oiseaux, par milliers, célèbrent ta venue.

Ta sveltesse ineffable est celle du bouleau,
Ta voix nous berce ainsi qu’une chanson lointaine ;
Comme un lys qui s’effeuille au bord d’une fontaine,
Ton corps délicieux a la fraîcheur de l’eau.