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qu’il fallait un Dieu pour toute chose, on avait créé ces déesses et avec elle leur culte et les traditions qui s’y rattachaient. Hippocrate, le père de la médecine, a parlé des marais situés dans l’ancienne Colchide et formés par les eaux du Phase ; il a tracé un tableau aussi exact qu’animé des effets nuisibles des marais, en décrivant les affections auxquelles étaient en proie les habitants qui demeuraient sur les bords de cette rivière. Ses observations ont été confirmées par tous ceux qui, depuis lors, ont cherché à les vérifier.

L’Histoire Romaine nous donne aussi quelques détails sur des marais encore bien connus de nos jours sous le nom de Marais-Pontins. Les lieux que ces marais occupent ont été autrefois très fertiles, cultivés et habités par un peuple sain et nombreux, les anciens Volsques. Dans les guerres cruelles qu’ils eurent à soutenir contre les Romains, ils furent contraints de négliger les travaux de l’agriculture et ceux par lesquels ils se rendaient maîtres des eaux stagnantes. Elles commencèrent à reparaître et avec elles les nombreuses maladies qu’elles ne manquent jamais de produire. Lancisi attribue à cette circonstance les fréquentes épidémies décrites par l’historien romain, quelques-unes appartiennent au typhus des camps. Mais les troupes romaines, forcées de camper près ou dans l’emplacement des marais, ont souvent été atteintes d’affections dues à leurs émanations. Au reste, la population Volsque, épuisée et détruite par les calamités de la guerre et décimée par les maladies, se trouva bientôt impuissante contre l’envahissement des eaux stagnantes, et les Marais-Pontins devinrent et demeurèrent depuis lors ce que nous voyons aujourd’hui, des lieux presque entièrement inhabitables.

Les empereurs romains, les papes après eux, ont essayé