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roys mais les roiaumes et toutes choses, mua le cuer du devant dit Loys envers le duc son cousin et enclina à misericorde si et en telle maniere qu’il li pardonna tout quanqu’il li avoit meffait ; et de la prison où il estoit li et plusseurs autres nobles qui estoient prisons[1] et chaitis, sanz priere, sanz argent et sanz raençon delivra et envoia, receu premierement son serement fait sus le corps Jhesu Crist, dont il reçut une partie et Loys de Baviere l’autre, que dès ore en avant, il li porteroit foy et loyauté tant comme il vivroit. Et ce fait, le duc d’Osteriche s’en retorna franc et quite avec sa compaignie en son pays, dont trop de gent se merveillierent comment ceste chose avoit esté faite, car ceulz de son propre conseil n’en savoient riens, ne personne vivant, excepté son confesseur.

En ce temps se departirent de Paris ii clers moult renommez : maistre Jehan de Gendun et maistre Martin de Pade[2], Lombart, anemis de sainte Eglise, adversaires de verité et filz d’iniquité, et vindrent en une ville d’Alemaigne appellée Norembergh[3]. Lesquiex, comme il fussent là venuz, aucuns qui estoient de la famille au duc de Baviere et les avoient veuz à Paris et oy dire de leur renommée, firent tant que, à leur relacion, il furent retenuz en la court du duc ; non pas seulement retenuz, mais receuz en la grâce du duc très familierement, dont il avint qu’il leur demanda

  1. Frédéric Ier fut délivré en 1325.
  2. Jean de Jandun et Marsile de Padoue. Sur ces deux hérétiques du xive siècle morts, J. de Jandun probablement du 10 au 15 septembre 1328 et Marsile de Padoue en 1342-1343, voir Hist. littéraire de la France, t. XXXIII, p. 528 à 623.
  3. Nuremberg (Bavière).