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parti de Paris et se vint derechief logier à Saint Denis aveques tout son ost.

En celui an, le duc de Normendie qui estoit alé en Gascoigne assegier le chastel d’Aguillon, et riens n’i avoit fait ; oyes des nouvelles que le roy d’Angleterre guerroioit son pere le roy de France et avoit ars les maisons du roy, si en fu moult troublé, et laissa toute la besoigne et s’en parti[1]. Et quant le roy d’Angleterre se parti de Poyssi, si s’en vint à Biauvaiz la cité. Et pour ce que ceulz de Biauvais se deffendoient noblement et qu’il ne pot entrer en la cité, les Anglois plains de mauvais esperit ardirent aucuns des forbours de la cité et toute l’abbaïe de Saint Lucian[2] qui tant estoit belle et noble, sanz y laissier riens du tout en tout, et d’ilec entrerent en Picardie.

Après ce, le roy de France se parti de Saint Denis et suioit son anemi le roy d’Angleterre jusques à Abbeville en Picardie, moult courageusement. Et le jeudi feste saint Berthelemi, le roy d’Angleterre devoit disner à Araines[3] ; mais le roy de France qui moult de-

  1. D’après une lettre de Derby publiée par Robert d’Avesbury (De gestis Edwardi tertii, éditée à la suite de Murimuth, p. 372 à 374) le siège d’Aiguillon fut levé le 20 août 1346. Cf. Chronique de Jean le Bel (éd. Viard et Déprez), t. II, p, 115, note 2, et Bertrandy, Étude sur les chroniques de Froissart, guerre de Guienne, p. 347-348.
  2. Le 18 août, Édouard III ne coucha pas dans l’abbaye de Saint-Lucien, près de Beauvais, comme le disent Jean le Bel (t. II, p. 89) et Froissart (t. III, p. 151), mais à Troissereux, Oise, arr, de Beauvais, cant. de Nivillers (J. Viard, op. cit., p. 52-53).
  3. Airaines, Somme, arr. d’Amiens, cant. de Molliens-Vidame. Édouard III fut dans cette localité non le jeudi 24 août, mais les lundi et mardi 21 et 22 août (J. Viard, op. cit., p. 56).