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Paris[1], et prist et pilla la ville qui estoit toute plaine de biens et garnie. D’ilec s’en passa par la ville de Thorigny[2], ardant et gastant le pays, et manda par ses coursiers et par ses lettres, si comme l’en disoit communement, aus bourgois de Caan, que s’il vouloient laissier le roy de France et estre souz le roy d’Angleterre, qu’il les garderoit loyaument et leur donroit pluseurs grans libertés, et en la fin des lettres les menacoit, s’il ne faisoient ce qu’il leur mandoit, que bien briefment il les assaudroit et qu’il en fussent touz certains. Mais ceulz de Caan le contredirent touz d’une volenté et d’un courage, en disant que au roy d’Angleterre il n’obeiroient point. Et quant il oy la response des bourgois de Caan, si leur assigna jour de bataille au jeudi ensuiant ; et ceci il fist traitreusement, car dès le jour par avant au matin, qui estoit le mercredi après la Magdalene, xxe jour de juillet, il vint devant Caan là où estoient capitaines establiz de par le roy, monseigneur Guillaume evesque de Baieux et jadis frere de monseigneur Robert Bertran[3], chevalier, le seigneur de Tournebu[4], le conte d’Eu et de Guines, lors connestable de France[5], et monseigneur

  1. Guillaume Bacon, Jean, sire de la Roche-Tesson, et Richard de Percy, partisans de Godefroi d’Harcourt, qui avaient été exécutés le 3 avril 1343 à Paris.
  2. Torigny, Manche, arr. de Saint-Lô, ch.-l. de cant. Édouard III y fut le 23 juillet (J. Viard, op. cit., p. 18).
  3. Robert Bertran, baron de Bricquebec, maréchal de France, fut tué à la bataille de Crécy.
  4. Guy de Tournebu, sire de Grimbosc.
  5. Raoul III, comte d’Eu et de Guines, que Jean II le Bon fit décapiter le 18 novembre 1350.