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France afin qu’il les leust. Dès lors il s’apresta pour garder le pays et les frontières du royaume, et fist sa semonse par lettres aus nobles en mandant à touz que hastivement, après quinzaine de la Magdalaine, il comparussent personnelment et en armes à Arras.

Et en celui temps que ces choses se faisoient en France, le roy d’Angleterre, atout grant multitude de gens, entra en mer et vint à l’Escluse en Flandres[1], en esperance de recevoir l’ommage que les Flamens, par l’instigacion de Jaques Artevelle, avoient pourpensé pieça de li faire ; mais il ne parfist mie ce qu’il cuidoit, ainçois avint tout autrement, car ou moys de juillet, quant il vint à la cognoissance de ceulz de Gant que ledit Jaques Artevelle, capitaine des Flamens, se portoit traitreusement et faussement envers ceulz de Gant, d’Ypre et de Bruges, en tant que quant il venoit à Gant, il leur donnoit à entendre que ceulz de Bruges et d’Ypre estoient à acort de faire hommage au roy d’Angleterre, et quant il venoit à Ypre, il leur disoit samblablement de ceulz de Gant et de Bruges, et parloit à ceulz de Bruges par samblable maniere de ceulz de Gant et d’Ypre.

[2]Et le xve jour de juillet, quant si grant traïson fu aperceue, il fu cité à Gant personnelment au mardi ensuivant ; lequel vint à Gant le xvii jour du juillet, dimenche, environ souper[3]. Et quant il vit le peuple

  1. Édouard III, parti le 3 juillet de Sandwich (Rymer, t. III, p. 46), était déjà le 5 à l’Écluse (Chronique de Richard Lescot, p. 66, note 2 et p. 208).
  2. Sur la mort d’Artevelde, cf. Froissart, éd. Luce, t. III, p. 97 à 103 et 315 à 319.
  3. Kervyn de Lettenhove (Œuvres de Froissart, t. IV, p. 464 à 475) assigne avec vraisemblance à la mort d’Artevelde la