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et lors se departirent aveques le conte de Salbiere et aveques ledit messire Guillaume environ iic personnes pour aler veoir de quelle part il pourroient plus ladite ville de Lille grever. Et endementres qu’il estoient ilec, ceulz de la ville issirent hors par derriere, et aveques eulz I chevalier que on appelloit le seigneur de Rebays qui les conduisoit, lequel enclost le conte de Salbiere et ledit messire Guillaume, et ceulz qui aveques eulz estoient entre soy et ladite ville de Lille. Et lors ledit seigneur de Rebays leur courut sus aveques ceulz qui estoient issus de la ville, et là fu getté jus de son cheval, de cop de lance, le conte de Salbiere et fu malement navrez. Et ledit messire Guillaume fu pris[1], et les autres Anglois et Flamens desconfiz, et s’enfuirent pour partie. Là fu mort I moult riches hons d’Angleterre et moult preuz qui avoit à nom monseigneur Guillaume d’Aquilain[2]. Quant ceste chose fu finée, si se parti le sire de Rebays, et mena le conte de Salbiere au roy à Paris[3], et le fist metre en Chastellet à Paris souz certaine garde.

Item, en ce meismes an, les Flamens, les Brebançons et les Hanoiers offrirent pais au roy de France

  1. Sur la prise des comtes de Salisbury et de Suffolk, qui aurait eu lieu le 11 avril 1340 (n. st.), voir Chronographia, t. II, p. 98 à 102 ; Jean le Bel, t. I, p. 168-169, Istore et croniques de Flandres, t. I, p. 380 ; Froissart, éd. Luce, t. II, p. 5 à 8.
  2. De Quilain (ms. fr. 17270). Froissart (t. II, p. 7) dit qu’il s’appelait Raymond et était neveu du pape Clément. La Chronographia, t. II, p. 102, le nomme « Johannes Quillain ». Voir, sur lui, Ibid., p. 102. note 1.
  3. C’est Guillaume Rolland, sénéchal de Rouergue, qui fut chargé d’aller chercher les prisonniers à Lille et de les amener à Paris (Chronique de Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, t. I, p. 169, note 1).