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Haynau[1], lequel estoit à Clermont en Auvergne, envoia embassateurs devers le pape. Mais quant le pape sceut leur venue elle ne li plut pas. Si fu rapportée par lesdiz ambassateurs audit Guillaume la volenté du pape. Si en ot moult grant despit et s’en retourna arrieres.


IX.
Comment l’antipape vint à merci au pape, lequel le reçut benignement[2].

L’an mil CCC XXX, Phelippe[3] filz du roy de Maillogres, enfant de très noble ligniée et meismement comme cousin germain du roy de France Phelippe le Bel de par sa mere, lequel estoit moult puissant en richesces mondaines, et avecques ce, avoit-il très grant quantité de benefices en sainte Eglise, et des plus nobles et des meilleurs qu’il fussent ou royaume de France ; lequel Phelippe fu par telle maniere inspiré, que pour l’amour de Jhesu-Crist il renonça à toutes ses richesces et à touz ses benefices et s’en ala en diverses contrées et en divers pays comme povre et en habit de beguin, et demandoit aumosnes pour l’amour de Dieu, et ne vi-

  1. Guillaume Ier, comte de Hainaut, qui avait épousé Jeanne de Valois, sœur de Philippe VI, et qui mourut le 7 juin 1337.
  2. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 115 à 124.
  3. Philippe était le quatrième fils de Jacques Ier, roi de Majorque, qui lui-même était frère d’Isabelle d’Aragon, mère de Philippe le Bel. Entré dans les ordres, il exerça les fonctions de sacristain de l’église de Saint-Quentin, puis de trésorier de Saint-Martin de Tours ; il fut ensuite tuteur de Jacques II (Lecoy de la Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, t. II, p. 8 à 10 et 12 à 25).