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sages, entre lesquiex fu maistre Pierre Rogier abbé de Fescan[1], docteur en theologie, afin qu’il adjournassent le roy d’Angleterre pour faire hommage audit roy de France de la duchiée d’Aquitaine. Lesquiex messages demourerent longuement en Angleterre, et attendoient pour parler au roy. Mais il ne porent onques parler à lui ; si parlerent à sa mere, laquelle leur donnoit responses non convenables, en maniere de femme ; et quant il virent que autre chose ne pooient faire, si retornerent en France, et distrent au roy tout ce qu’il avoient fait et oy.

Item, en ceste meismes année, le pape Jehan fist publier à Paris aucuns procès fait contre Pierre Ranuche, lequel se faisoit appeller Nicolas le Quint ; esquiex procès il estoit contenu ledit Pierre avoir esté marié[2] avant qu’il eust esté religieux. Et depuis qu’il fut entré en religion, sa femme l’avoit fait semondre par pluseurs foiz ; et avoit à nom sadite femme Jehanne Mathie. Lequel Pierre, en desobeissant as commandemens de sainte Eglise, ne voult onques retourner avecques sa dicte femme. Et pour ceste cause, ledit pape, comme contumaux le denonça pour escommenié

  1. Pierre Roger, né à Maumont (Corrèze), entra à l’abbaye bénédictine de la Chaise-Dieu. Élu abbé de Fécamp en 1326 ; évêque d’Arras le 3 décembre 1328, chancelier de France, archevêque de Sens le 24 novembre 1329, puis de Rouen le 14 décembre 1330, il fut promu cardinal en 1338. Élu pape le 7 mai 1342, il prit le nom de Clément VI, mourut à Avignon le 6 décembre 1352 et fut enterré à la Chaise-Dieu.
  2. Sur le mariage de l’antipape Nicolas V (Pierre de Corbara), voir Raynaldi, op. cit., t. V, p. 412-413. Cf. C. Müller, Der Kampf Ludwigs des Baiern mit der römischen Curie, t. I, p. 197-198.