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Et adonc, tout l’ost des Crestiens s’en commença à fuir aussi comme touz esbahiz[1]. Mais comme les Sarrasins les peussent avoir touz tuez, toute voies nul des Sarrazins n’ensuivi l’ost des Crestiens. Dont il avint que i Sarrasin dit au roy de Garnate, car ledit roy ni estoit pas present au fait. « Sire, ne doubtez pas quar Diex s’est corroucié aus Crestiens et à nous ; car comme il fussent si grant quantité qu’il peussent de nous avoir eu briefment victoire, nul de eulz ne nous a osé assaillir. Et nous, comme il s’enfuioient, les peussons avoir mis à mort, toutefoiz aucuns de nous ne les ont ensuivis. »

Et en yce temps, entre Loys duc de Baviere et Ferri duc d’Austrie[2] et ses freres, Lepodum, Henri, Othone et Jehan, pour l’occasion de l’eslection entre les ii dux faite et celebrée en grant discorde, sont nez très griez perilz de mort ; car l’un ardoit la terre de l’autre, il roboient l’un l’autre, moult de leurs citoiens firent mourir, et ceulz qui estoient riches furent mis par eulz à povreté.

  1. Ce fut en 1319 que les Maures remportèrent cette victoire.
  2. Frédéric Ier dit le Beau, second fils d’Albert Ier, lui succéda comme duc d’Autriche en 1308 ; ses frères encore vivants étaient Léopold dit le Glorieux, Albert qui succéda à Frédéric en 1330, Henri dit le Paisible et Otton dit le Hardi. La lutte entre Louis de Bavière et Frédéric se termina, le 28 septembre 1322, par la bataille de Mühldorf où Frédéric fut vaincu et fait prisonnier avec Henri son frère.