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mais pour Dieu que son seigneur ne reçut mort : si la rendi et delivra[1].

Au quart jour après que le conte fu pris, vint le roy Charles à Naples[2], et trouva que la greigneur partie de ceulz de Naples s’estoient jà tournez contre li et avoient jà boutez les François hors de la cité[3]. Quant le roy fu entré en la cité, il sot toute leur mauvaistié ; si les chastia moult horriblement, car il les fist pendre et trainer et mourir de divers tormens, puis se parti d’ilec et vint en Calabre, là où son neveu estoit, le bon conte d’Artois, et convoita moult comment il peust passer le phar pour asseoir Maschines ; mais il ne li fu pas loué pour les vens qui estoient commenciés et estoient grans et horribles, et pour l’yver. Si fist venir ses nefs au port de Brandis[4], que elles ne fussent prises de ses anemis. Ne demoura guères que une maladie le prist dont il mourut[5] l’an mil CC IIIIxx et IIII ; fu conroié et appareillié et fu enterré en la cité de Naples, en la maistre eglise. Nouvelles en vindrent à l’apostole Martin qui en fu moult dolent pour la grant loyauté et la valeur qui estoit en lui ; si se revesti et celebra son service. Quant la chose fu ainsi avenue, l’en fist

  1. G. de Nangis ajoute : « sed virum suum aut pro ipsa aliquem non recepit ».
  2. Charles avait abordé à Gaëte le 6 juin avec une flotte de quarante galères (L. Cadier, op. cit., p. 103-104).
  3. Des séditions éclatèrent alors non seulement à Naples, mais aussi dans la Terre de Labour, en Calabre, dans la Basilicate, dans les Abruzzes (L. Cadier, op. cit., p. 106 à 109).
  4. Brandis, Brindisi.
  5. Latin : « septimo die mensis januarii ». C’est à Foggia que Charles d’Anjou mourut le 7 janvier 1285. Cf. Chronique de Primat, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XXIII, p. 103.