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besoigne n’en fu pas lié, car il se doubta moult que le roy d’Arragon ne le faisoit, fors par boisdie.


XXXV.
Comment le roy Charles vint à Bordiaux contre le roy d’Arragon[1].

Quant le roy de France ot oy et entendu ce que son oncle li mandoit, si se merveilla moult comment le roy d’Arragon osoit emprendre si grant besoigne contre le roy Charles ne contre ses nobles combateurs qui tant de biaus fais de chevalerie avoient fais. Si fist tantost aprester ce qu’il li avoit mandé et se garni de chevaux et d’armes, et fist à savoir à sa baronnie la besoigne comme elle aloit, et leur manda qu’il fussent avec li à l’encontre de son oncle, au jour nommé qui estoient assenné aus ii parties. Le roy Charles bailla en garde sa terre au prince de Salerne son filz[2], au conte d’Alençon et au conte d’Artois ; si s’en vint droit à Rome. L’Apostole le blasma moult forment de celle besoigne qu’il avoit ainsi empris, et les cardinaulz li monstrerent et li distrent qu’il pooit bien la chose laissier ester. Quant l’Apostole vit qu’il n’en lairoit riens à faire, si li bailla Jehan Collet[3], prestre et cardinal de

  1. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 522-525. Cf. Chronique de Primat (Ibid., t. XXIII, p. 102). Chronicon Siciliæ, dans Muratori, op. cit., t. X, col. 842, cap. xliv.
  2. Ce fut le 12 janvier 1283, par lettres datées de Reggio, que Charles Ier remit l’exercice du pouvoir à son fils et partit pour la France (P. Durrieu, op. cit., t. II, p. 188, et L. Cadier, op. cit., p. 78).
  3. Jean Cholet, chanoine de Beauvais, promu cardinal par