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ieu du XIIIe siècle[1], il y avait une lacune à combler ; le règne de Louis VII y manquait et, au folio 232, on passait de la fin de l’histoire de Louis VI le Gros, par Suger, à celle de Philippe-Auguste, par Rigord. Les moines de Saint-Denis, rédacteurs de ce manuscrit, qui n’avaient sans doute encore découvert aucune chronique latine de ce règne méritant d’y être insérée, jugèrent que le travail de Primat comblerait heureusement cette lacune. Mais il était écrit en français, en langue vulgaire, et leur manuscrit ne renfermait que des œuvres écrites en latin. Ils n’hésitèrent donc pas à le traduire en latin, et, sous le titre : Gesta Ludovici regis, filii Ludovici Grossi regis, donnèrent ainsi une chronique latine du règne de Louis VII. Les érudits qui, depuis le XVIe siècle, comme Marquardt-Freher, Pithou, Duchesne, les Bénédictins, se sont efforcés de retrouver et de réunir les anciens monuments de notre histoire, n’hésitèrent pas à recueillir ces Gesta, comme celui qui nous faisait le mieux connaître la période écoulée entre 1137 et 1152, année où ils s’arrêtaient. Des controverses même s’élevèrent entre les savants qui les étudièrent ; les uns, tels que Lacurne Sainte-Palaye[2], Paulin Paris[3], les attribuèrent, dans leur ensemble, à Suger ; les autres, au contraire, ne virent dans ces Gesta qu’un mauvais abrégé de l’Historia[4].

Cependant, lorsque Paulin Paris eut terminé, dans son édition des Grandes Chroniques, le règne de Louis VII, il revint sur sa première opinion. L’étude

  1. L. Delisle, Ibid., p. 209.
  2. Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. X, p. 563-570.
  3. Les Grandes Chroniques de France, t. III, p. 357, note 1.
  4. Histoire littéraire de la France, t. XIV, p. 185-187.