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XI.


De la guerre et de la pais dou roi, et dou conte Philippe de Flandres, et d’un miracle que Dieus fist pour le roi.


Ce sont li fait dou Vme an.


[1]En l’an de l’Incarnation M CLXXXIIII, de son aage XXme et de son regne Vme, mut contenz et dissunsium entre le roi et le conte Phelippe de Flandre[2] pour la contée de Vermendois. Car li rois proposoit que toute la conteez devoit estre aus rois de France par droit heritage, et offroit ce à prover par evesques et par arcevesques, par barons, par viscontes et par autres princes. A ce respondoit li cuens en tel maniere, que il avoit la terre tenue au tens son pere, le roi Loys de bone memoire paisiblement, et par lonc tens en avoit esté en possession paisible, ne ja tant com il vivroit ne la perdroit, car il sembloit au conte que il peust legierement fraindre et amollier le corage le roi, pour ce que il estoit enfes, et par promesses et par blanches paroles le cuidoit oster de son propos. Si cuiderent aucun que il eust à ce tens l’assent des barons de

  1. Rigord, Gesta Philippi Augusti, § 26.
  2. Philippe d’Alsace, fils de Thierri d’Alsace, succéda dans le comté de Flandre à son père en 1168 et mourut de la peste au siège de Saint-Jean-d’Acre le 1er juin 1191. Il avait épousé en 1155 Isabelle, comtesse de Vermandois. Isabelle étant morte sans enfants le 26 mars 1183, Philippe-Auguste fit valoir ses droits de suzeraineté et revendiqua le Vermandois (cf. Gisleberti chronicon Hanoniense, dans Monumenta Germniae historica, Scriptores, t. XXI, p. 535).