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Bien savoit li empereres, qui tant estoit sages, que i roiaumes est aussi comme li cors d’un homme qui souvent est hurtez et deboutez de diverses maladies, et tost morroit aucune foiz, se il n’estoit secouruz par le conseil de phisique ; et tout ausi est-il dou cors d’un roiaume ou d’un empire, qui tost seroit gastez et destruiz par descordes et par guerres, se il n’estoit secouruz et governez par le conseil des sages homes. Pour ce, vot-il ordoner et establir contes et autres menistres par tout le roiaume d’Aquitaine[1], de la gent de France[2], qui fussent si sage et si puissant que nus ne peust à iaus contrester par malice ne par force, et qui eussent la cure des citez et dou païs. En la cité de Boorges establi premierement le conte de Ymbert ; en la cité de Poitiers, Alboin[3] ; en Pierregort, Nimbode[4] ; en Auvergne, Ytier ; en Vallage[5], Bulle ; en Thoulousain, Corsone ; en Bordelois, Seguin ; en Albijois, Haymon, et en Limozin, Rogier.[6]Quant li empereres ot ensi ordené dou roiaume d’Aquitaine, il trespassa le flum de Loire et repaira à Paris.

Poi de tens trespassa, puisque il li prist volenté

    de Bourges et de Bordeaux, le Toulousain et la Novempopulanie ou Gascogne, encore la Septimanie ou Gothie et les conquêtes faites par Charlemagne en Espagne sur les Sarrasins, entre l’Èbre et les Pyrénées.

  1. Sur l’organisation de l’Aquitaine à cette époque, voir Histoire de Languedoc, nouv. éd., t. II, p. 269.
  2. « Ordinavit autem per totam Aquitaniam comites, abbates, necnon alios plurimos quos vassos vulgo vocant, ex gente Francorum. »
  3. Latin : « Abbonem. »
  4. Latin : « Widbodum. »
  5. Vallage, le Velai.
  6. Vita Hludovici imperatoris, chap. iv.