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d’autres, et tant li promist d’onors et de segneuries, se il pooit ce faire à quoi il baoit, que cil le crut et s’acompagna à lui et li monstra engin et voie par quoi il sembloit que il peust ce faire. Et avant que cil qui ovec le fil le roi estoient[1] fussent venu à Miauz[2], se hasterent d’envoier aus evesques et aus abbez et aus puissanz homes du roiaume[3] ; et souz tel coverture leur mandoient, que puisque li rois estoit morz, que il traitassent de la pais et du porfit du roiaume[4]. Quant cil qui venir i voudrent furent assemblé, si leur loerent que il apelassent ou roiaume Loys le roi de Germanie[5], et se il fesoient ce, seussent-il que il lor donroit les terres et les honeurs que il ne porent ainques avoir jusques à ce tens. Par convoitise et par desloiauté s’i accorderent et manderent au rois Loys de Germanie et à sa fame, par leur message, que il venissent jusques à Mez et là leur amenroient touz les evesques et les abbez et les hauz homes du roiaume de France. Lors, se mistrent en voie à aler encontre lui, en robant et en degastant tout le païs devant eus, selonc la riviere d’Aigne[6], jusques atant que il vindrent à Verdon[7] ;

  1. Le royal ms. 16 G VI, fol. 239 vo, ajoute ici en note : « alez en consistoire en la ville de Meaulz ».
  2. Le royal ms. 16 G VI a barré « à Miauz ».
  3. Le royal ms. 16 G VI ajoute en note : « Et de tout leur povoir les amonnestoient que il se hastassent de eulz assembler en consistoire. »
  4. Les Annales de Saint-Bertin font connaître le lieu où ce plaid devait se tenir « ubi Thara Isaram influit », c’est-à-dire au confluent de l’Oise et du Thérain, en aval de Creil.
  5. Louis le jeune, roi de Saxe, second fils de Louis le Germanique.
  6. On a dans le latin : « sicque per Silvacum (Servais, Aisne, cant. de la Fère) et secus Axonam (l’Aisne) multas deprædationes ac rapinas facientes, usque ad Viridunum venerunt ».
  7. Verdon, Verdun.