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li rois. Là fu si très durement malades que l’on cuida bien que il deust morir ; mès la merci Nostre Segneur, il aleja de cele maladie. Lors vint à li Gorfroiz par le conseil de ses amis, qui moult le tindrent cort[1] de ce faire, et amena ovec lui ses II fiuz. Au roi rendi les chastiaus que il avoient sesiz et les apartenances par tel condition que il les tenissent après par son don et par sa volenté. Après ces choses, Godefroiz converti grant partie des Bretons et les amena à la feauté le roi ; mès après, firent-il come Bretons.

En ce tens, avint que li apostoiles Jehans fu moult durement esmeuz et correciez contre II contes, Lambert[2] et Albert, qui lui avoient ses citez et ses viles preées et robées. Si pesamment com il pot les escommenia ; de Rome s’en issi et enporta moult de precieuses reliques. Formose, l’evesque de Portue[3], enmena ovec lui, en mer se mist et vint à navie jusques à Alle le Blanc[4]. Si arriva droitement le jor de la Penthecoste[5] ; lors envoia ses messages au prince Boson[6], et cil li envoia genz pour lui conduire jusques

  1. Le tindrent cort, le pressèrent.
  2. Lambert était duc de Spolète et Albert marquis de Toscane. D’après les Annales Fuldenses, année 878, Jean VIII aurait été emprisonné par Lambert et ses complices, partisans de Carloman, neveu de Charles le Chauve : « Lantbertus Witonis filius, et Adalbertus Bonifacii filius, Romam cum manu valida ingressi sunt, et Johanne romano Pontifice sub custodio retento, optimates Romanorum fidelitatem Carlomanno sacramento firmarer coegerunt ».
  3. Formose, évêque de Porto en 864, fut excommunié et dépouillé de son évêché en 876 et devint ensuite pape en 891.
  4. Arles, Bouches-du-Rhône.
  5. Le 11 mai 878.
  6. Boson, qui devint ensuite roi de Provence.