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ceptre d’or à pierres precieuses. Puis alerent tant messages entre Loys et les barons, que il s’acorderent tuit et evesque, et conte, et abbé à son coronement, et il leur dona les honeurs du roiaume selonc ce que il requeroient par raison.

Lors fu coronez à Rains[1] par la main l’arcevesque Haimer, par commun assent des barons et des prelaz qui se mistrent en sa defense et en sa garde, eus et leur eglises, et li jurerent que il li seroient loial selonc leur pooirs, et en aide et en conseil, au porfit de lui et du roiaume, et li vavassor se recommanderent ausi à lui et li jurerent feuté et loiauté[2]. (Mais pour ce que l’estoire parle souvent des abbez du roiaume, porroient aucun cuider que ce fussent moine et genz de religion ; mais nous cuidons mieuz, selonc ce que l’estoire done à entendre, que ce fussent baron ou grant home seculer à cui l’on les donast ou à tens ou à vie. Si estoit mauvese costume et contre Dieu, que autres genz tenissent les biens des religions, que cil que la reule establit, pour destruire et pour dilapider ; ne li servises Nostre Segneur n’i pooit estre bien faiz, ne li ordres bien gardez en tele maniere.

  1. Ce n’est pas à Reims que Louis le Bègue fut couronné par Hincmar, mais à Compiègne, le 8 décembre 877, comme le témoigne le procès-verbal de son couronnement. « Ordo qualiter Hludowicus rex anno Incarnationis dominicæ DCCCLXXVII, VI idus Decembris, ab Hincmaro archiepiscopi fuit coronatus in Compendio palatio » (Mon. Germ. hist., Capitularia regum Francorum, t. II, p. 363 ; cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. IX, p. 300).
  2. Voir dans les Annales de Saint-Bertin, année 877, les promesses que se firent réciproquement Louis le Bègue et les évêques. Cf. Capitularia regum Francorum, t. II, p. 364 et 365.