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cistrent plus de ccc et au derrenier le pristrent et le menerent tout lié à leur nés, puis le mistrent à raençon qui fu tauxée à cl livres d’argent, à cl mantiaus, à cl espées, à cl prisons, sanz les dons que il leur dona d’autre part. Si avint ensi que il morut en leur nés avant que il fust delivrés et que la raençon fust paiée, et li Sarrazins qui ce virent, fainstrent que il ne pooient plus iluec demorer, et hasterent forment ceus qui de la raençon paier s’entremetoient, se il voloient recevoir leur segneur. Et quant ele fu toute paiée sanz nule defaut, il pristrent le cors de l’arcevesque tout revestu en episcopaus garnemenz, si comme il l’avoient pris, et l’assistrent en une chaiere et puis l’emporterent hors des nés entre braz, ausi comme par honeur. Lors vindrent entor lui cil qui l’avoient raient[1], et quant il cuiderent parler à lui et faire joie, si le troverent mort. Lors l’emporterent à granz pleurs et le mistrent en terre en un tumblel que il meismes avoit fait appareilleir pour lui.

En ce tens fist pais Salemons[2], li dux de Bretagne, aus Normanz[3] qui estoient seur le flum de Loire et fist cuillir à ses Bretons tout le vin qui estoit en sa partie de la terre d’Anjou. Li abbés Hues[4] et li cuens Ge-

  1. Raient, racheté.
  2. Sur Salomon, qui fut roi de Bretagne de 857 à 874, voir A. de la Borderie, Histoire de Bretagne, t. II, p. 84 à 122.
  3. Sur les invasions des Normands et sur les ravages qu’ils commirent en France, principalement dans les bassins de la Loire et de la Seine, pendant une partie du règne de Charles le Chauve, voir Ferdinand Lot, la Grande invasion normande de 856-862, et la Loire, l’Aquitaine et la Seine de 864 à 866 ; Robert le Fort, dans Bibl. de l’École des chartes, t. LXIX (1908), p. 5-62, et t. LXXVI (1915), p. 473-510.
  4. Hugues l’Abbé, fils de Conrad Ier, comte de Paris et