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rendoit grâces à Nostre Segneur et amonestoit ses fiuz que il s’entramassent entierement et gardassent li uns l’autre, et à Lothaire pria et commanda que il eust grant cure de son frere et li sovenist que il estoit ses peres adoptis ; et à Challe commanda que il li portast honeur comme à son pere espirituel et comme à son ainzné frere[1]. Quant li peres, qui touz jors ama pais, out ensi mis concorde et amor entre les freres et entre leur barons, à son povoir, il dona congié Lothaire de retorner en Ythalie ; mais avant li dona granz dons et sa beneiçon, et si li amonesta que il gardast sa loiauté et ce que il avoit promis.

Tout cel yver demora à Es la Chapele et celebra la Nativité et la Resurrection avant que il s’en partist.

[2]Moult porta grief ceste partison Loys, li rois de Baiviere ; ost assembla et saisi toute la terre delà le Rim. Li empereres qui ces noveles oï se soufri jusques après la Pasque. Tantost après la feste esmut son ost et trespassa le Rim et la cité de Maience et ala jusques à Tribures[3] ; là demora i poi pour cuillir et pour atendre son ost. Lors s’en parti et vint jusques à la cité de Dodome[4]. Là vint à lui ses fiuz humblement, quelque gré

  1. Les expressions « tamquam patri spiritali et fratri seniori » de la Vita Hludowici semblent bien indiquer que Lothaire était, en même temps que le frère aîné, le parrain de Charles le Chauve.
  2. Vita Hludowici imperatoris, chap. lxi.
  3. Auj. Trebur, Allemagne, prov. de Starkenburg, cercle de Grossgerau, près de la rive droite du Rhin, au nord-ouest de Darmstadt.
  4. « Usque Bodomiam perrexit » (Vita Hludowici). Sous ce nom, on a désigné le palais royal qui existait dans le village actuel de Bodmann (le « palatium Potamicum » des Annales