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die, se revela contre lui, et de la justice que il en fist. Après, coment il mut derechief contre les Saines et coment il les desconfist et fist baptizier.

[1]En ce tempoire que li rois Challes traveilloit ensi en la besoigne de sainte Eglise, li Saine oissirent de lor terre à granz oz et entrerent es marches de France ; jusques à un chastel approchierent, qui a non Jaburg[2]. Cil qui entor habitoient se mistrent en la forterece quant il les aperçurent ; par la contrée s’espandirent et degasterent tout le païs par embrasement et par occision ; car il ardoient quanqu’il trovoient defors les fortereces. A un lieu approchierent, qui a non Frisdilar[3] ; là estoit une petite chapele que saint Bonifaces li martyrs avoit fondée, et avoit dit au dedier[4], ausi come par prophecie, que ele ne seroit ja arse. Li Saine, qui entor estoient, commencierent à penser coment il la porroient ardoir, et en cele heure maismes que il s’efforçoient de bouter le feu dedenz, dui jovencel en robes blanches aparurent en l’air, si que aucun des crestiens qui estoient ou chastel, et aucun des païens dehors les virent. Il defendoient la chapele du feu que li païen alumoient ; por ce ne la porent ainques embra-

  1. D’après Annales Laurissenses : Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. I, p. 152. Cf. Chronique d’Adon et Annales Mettenses, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. V, p. 318 et 341.
  2. « Castrum quod nominatur Buriaburg », auj. le mont Bierberg, emplacement d’une ville ruinée, sur la rive droite de l’Eder, près de la ville d’Ungedanken, à l’ouest de Fritzlar. Cette ville fut pendant quelques années le siège d’un évêché. Cf. Gams, Series episcoporum, p. 326.
  3. Frisdilar, auj. Fritzlar, Allemagne, royaume de Prusse, district de Cassel, sur l’Eder.
  4. Au dedier, à la dédicace.