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fust conquise, et ele si estoit, se la desloiauté des gens du païs ne se fust tornée. Là meesmes li refurent aportées les ensegnes des Mors qui avoient esté occis es ysles Balcaires, où il estoient entré pour tot metre à destruction.

Uns Sarrazins, qui avoit non Azans[1], li envoia en ce point les clés de la cité d’Oiste et mainz autres presenz, et li promist que il la liverroit quant il verroit tens et lieu.

Li patriarches de Jerusalem li envoia par un moine la beneiçon et autres reliques du saint lieu de la Resurrection. Congié li dona quant il s’en vot retorner en envoia ovec lui Zacharie, l’un des prestres du palais, et li charcha dons et offrendes pour porter au Saint Sepulcre de Jerusalem. Tant demora li rois à Es la Chapele que il i celebra la Nativité Nostre Seigneur.

[2]Au renovelement de la saison, li rois se parti de Es, ausi come mi marz ; tout le rivage de la mer de Flandres[3] chevaucha, droit vers la terre de Neustrie qui or est apelée Normendie[4]. En la mer mist garnison de nés et de galies contre les assauz des Normanz, qui sovent i fesoient domages. La Resurrection celebra à Saint Richer en Pontieu[5] ; de là se parti et s’en ala

  1. « Azan Sarracenus, præfectus Oscæ » (Éginhard) ; c’est Huesca.
  2. Annales d’Éginhard, année 800.
  3. Éginhard, les Annales Laurissenses, Fuldenses, etc., appellent cette mer : Oceanus Gallicus (Pertz, Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 186, 187, 257, 352).
  4. Cette phrase : « Droit vers la terre de Neustrie qui or est apelée Normendie », est de l’auteur des Grandes Chroniques.
  5. Pascha in Centulo apud Sainctum Richarium celebravit. Saint-Riquier (Somme).