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CHAPITRE X L'ATÏEMIOX

S 55. L'attention, comme tous les autres actes psychiques, entraîne une dépense d'énergie, dont la quantité est notée par une sensation dynamique. Ainsi que lexprime Tétymologie du mot, elle consiste pour ainsi dire en une tension de l'esprit sur un point déterminé, et cette tension se mani- feste par une tension proportionnelle de l'organe employé, par exemple, a épier le retour d'un phénomène. L'attention peut être spontanée ou volon- taire, irréfléchie ou réfléchie, suhconsciente ou pleinement consciente. Dans les phénomènes que je vais décrire, elle est presque toujours, en très grande partie au moins, spontanée, irréfléchie et subconsciente.

J'entends le premier temps marqué d'un morceau de musique ou d'un vers, et, l'attention aussitôt mise en éveil, j'attends le suivant (i). Au bout d'un certain temps, c'est-à-dire quand la dépense d'énergie exigée par 1 at- tention a atteint un certain degré, ce deuxième temps marqué frappe mon oreille. Je m'attendrai donc à entendre le troisième quand le sens dyna- mique de l'attention signalera une égale dépense d'énergie, c'est-à-dire au bout d'une égale durée (2). Ainsi, grâce à la sensation et au souvenir de la somme d'énergie dépensée chaque fois en attention, je pourrai percevoir l'égalité de durée des unités rythmiques. Une fois ce travail de l'attention défini et fixé, il se reproduira instinctivement et machinalement, d'une manière pour ainsi dire réflexe — comme celui delà marche une fois que nous sommes habitués à un pas d'une amplitude et d'une vitesse don- nées. Nous aurons vraiment là une espèce de métronome, qui battra la mesure d'après le rythme sur lequel nous l'aurons réglé. Il va sans dire que de la sorte nous pouvons aussi bien observer le rythme, dans notre chant,

(i) L'attention au retour du temps marqué a une cause affective: la sensation des effets qu'il produit sur notre organisme et qui comportent des mouvements au moins naissants ; il s'y ajoute, quand le temps marqué se répète plusieurs fois, le plaisir qui accompagne la tension et surtout la détente de la sensibilité.

(2) Si nous ne nous attendions pas au rvlhme entendu, notre attention ne commencera à le noter qu'à partir de la troisième unité rythmique au plus tôt. J'en ai donné la raison au ^ 3, fin.