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I. HÔMOPHOME 2oT

!^ 200. Je ne crois donc pas que les Scandinaves, venus plus tard, aient pu enseigner aux Anglais l'emploi de la rime. Ils le tenaient eux-mêmes lie l'étranger. Dès le vni"" siècle, ils étaient en rapports constants et intimes avec les Scots. Ils les avaient rencontrés dans les lies situées au Nord et à l'Ouest de l'Ecosse (i), et plus tard en Irlande (2), où ils fondè- rent plusieurs petites colonies, entre autres celles de Dublin (3). Ils emmenaient souvent comme esclaves des Irlandais, qu'ils aflranchissaient quelquefois par la suite. Souvent aussi ils choisissaient une épouse parmi les filles d'Érin, célèbres par leur beauté et par leur savoir. Bien des Nor- végiens ont ainsi appris l'irlandais de leur mère, depuis les paysans jus- qu'aux rois. Plusieurs Islandais portaient des surnoms ou même des noms gaéliques ; l'un des scaldes les plus illustres s'appelait Kormâkr (.^j). C'est aux Irlandais que les Scandinaves ont emprunté l'institution des poètes de cour (en irlandais filid, en vieux novrois /li/rîskâliP). la forme des sagas, récits en prose mêlée de vers, et l'usage des poèmes panégyriques ou drâpiir. Le mètre ordinaire de ces derniers, le drôttkvu'tt, qui est aussi par excellence le mètre de la poésie scaldique, est une strophe de quatre grands vers normaux (v. § 160) augmentés à chaque hémistiche d'un dissyllabe à pénultième longue et accentuée — ce qui fait en principe six syllabes par hémistiche (5) — et ornés de rimes intérieures, consonance dans le premier hémistiche et rime complète dans le second (ces rimes ne portent que sur la syllabe forte ou mi-forte). Voici une demi-strophe :

Hrjôtfr lët Hiêstrar tî^ar Ha/vfrâdr skipa harâoiw Bârofâ/iS ens BleiAa Barn///?^T â log ^r?//?^'-et (6).

•PoRBjORX IIouNkLOii (ix* siècle). Glvindrâpa.

Ce mètre compliqué s est formé, en se différenciant et en se régulari- sant peu à peu, sur le modèle d'une strophe très employée dans la poésie irlandaise, la rinnard (j^ « Comment reconnaître la rinnard? Ce n'est pas difficile : six syllabes dans chaque quart [de strophe] (S), et douze dans la

nUmol, 6), assis sur le trône appelé HU^skjolf, embrasse du regard le monde entier CpU srr lianit nf allan heim, Snorra Edda, Gylfatj., ch. xvii) ?

(i) Dès G20 il V avait des Scandinaves établis dans les Sbetland.

(3) Ils y apparaissent dès 617 ; en 8^3 ils sont établis près du Lough Rec.

(3) Environ Sôa-ioiA- — Sur ces rapports entre Scandinaves et Celtes, v. Sopluis Buggc^ Didrag til den œldsle Skaldedigtnin^s Historié, Kristiania, 189G ; Alexander Bugge, Vikingernc, Copenhagvie, if)o'4, etc. (Cp. \)n\a\\, Journrd des S^wanls, nov. 1899, et Revue Celli'jiie, XMI) ; Ilenrv Schûck, Slndier i nordisk litleralur-orli religions historia. M. Sophus Bugge va parfois trop loin dans ses conclusions.

(If^ Son grand père Cormac (Kormâkr vikverskr) élait Irlandais, au moins par sa mère (v. Kormâhs saga . Reykjavik, 1893. p. VIII et i).

(5) llvcrju visuordi fiylgja M samslofur (Commentaire du Hâllalal, 2).

(6) « Le hardi deslnicleur du blanc coursier des flots, tout jeune encore, en temps propice, a poussé en mer les proues des vaisseaux. » Allitération {kveJandi): i,h; 3, 6. Consonance (skol- hending): i a, oT ; a a, k. Rime intérieure (uifa/Zie/it/in^) : i b, anf ; 2 b, ung. Imitation française d'un grand vers : Feux de larf/es Forj/cs, Fours ardents l'entourent.

(7) Ein sehr gcbrauchliches Melrum (Thurneyscn, Irische Texte, III, p. i^a)-

(8) Cp. le vieux norrois (vi5u)fjôrdungr.