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20Ç) ESTHÉTIQUE Dl UVTIIME

5:5 199. Les hymnes rimées de l'église latine ont pourtant dû exercer une bien plus grande inilucnce que les vers des Irlandais : elle a été à h> l'ois plus générale, plus souvent répétée et surtout plus longue. Dans leurs hymnes latines, qu'ils ne manquaient certainement pas de faire chanter ;i leurs élèves anglo-saxons (i), les Irlandais avaient été amenés à emplover la rime et par l'exemple de leurs modèles du continent et par l'influence de leur poésie nationale. Dans un manuscrit latin du vu siècle, Y Anlipho- nariuni monasterii Benc/ioriensis (Bangor, comté de Down), qui s'est con- servé à Bobbio, en Italie, on trouve les vers suivants :

Virgo ualet foccunda Hac et mater intacta Laeta et tremebunda Yerbo Dei subacta (2).

En voici d'autres, qu'on attribue à Saint Columban (7 59^4):

Protegat nos altissimus De suis sanctis sedibus Dum ibi hvmnos canimus Decem statutis uicil^us (3).

Aux hymnes latines introduites en Angleterre par les Irlandais, qu'elles- fussent ou non de leur composition, les missionnaires italiens et grecs en ajoutèrent un grand nombre. Tout ce qui pouvait frapper les Anglais dans cette poésie, où leur oreille attendait en vain l'allitération familière, c'était la rime. Elle ne pouvait manquer de se graver dans leur mémoire avec la mé- lodie si souvent entendue des hymnes. Comment des clercs, tels qu'Aldhelm et Cynewulf, n'auraient-ils pas été instinctivement tentés d'introduire dans leurs vers anglo-saxons la rime léonine ou finale, qu'ils employaient dans leurs vers latins ■?(/|) Voici ce qu'écrivait ^Ethehvald à son maître Aldhelm :

Summi satoris solia sedit qui per aethralia, alti Olympi arcibus obuallatus minacibus, cuncta cernens cacumine caelorum sunimo lumine (5). Aldhelmi 0pp., éd. Giles, Oxford, i844, p. iii-

(v. Braiino, Bruchstiicke der altsiichsischcn Dibeldichtung, ncidelbcrg,i894)? jM- Ch. Andlcr a essayé dtv le démontrer, avec beaucoup de science et une logique serrée, même pour le Bêowiilf(^Quid ad fabulas heroicas Germanorum Hiberni contulerint. Tours, 1897). Je ne saurais pourtant aller aussi loin que lui. (i) Swâ ^œt ealle his gefcran ^e him mid ëodon sceoldon sealmas leornian odde sumc rœdinge, dit jElfric d'Aidân (T je d'Oswold).

(2) Ces vers ont sept syllabes, comme la plupart des vers irlandais,

(3) V. Muratori, Anecd., IV, p. lai et suiv. ; cp. Zeuss, l. c, Havct, Revue celtique, XVII, p. 84, Grober, Grundriss, p. 112, Gaidoz, Revue celtique, V, p. g5 (à propos du Liber Hymno- rum), etc., etc. — On remarquera que dans ces deux strophes la versification n'est pas quanti- tative, mais accentuelle.

(4) CocliusSedulius(v. § 188, p. ig5)était l'auteur favori d'Aldiielm(v. Bônhoff, l. c, p. 72, note).

(5) Il s'agit du Dieu des chrétiens. Mais ne dirait-on pas d'Odinqui, au milieu de la « forteresse du ciel » (Himinbjorg), dans la Valaslcjolf (^ ]'alholl) au toit d'argent (^silfre .pok^o sale, Grïm-