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lune se distingue au moins quelque peu des autres, et par sa vitesse, et par son amplitude, et par sa hauteur, et par la courbe de son volute, et par le frémissement de ses plis innombrables, et parles déchiquotures de sa nei- geuse dentelle d'écume — sans parler des jeux de la lumière sur ses mul- tiples et mobiles facettes. Ainsi, c'est en la modifiant chacune au fur et à mesure, peu ou prou, que toutes concourent néanmoins à donner une im- pression générale de calme, d'activité harmonieuse, d'emportement furieux.

i; i8i. La variété des unités rythmiques peut tenir à d'autres difTérences que les variations du rythme proprement dit. S'il s'agit de sculpture ou de dessin, elles pourront conserver la même forme en changeant de couleur ou au moins de ton. Dans le chant, la mélodie varie de mesure en mesure, et les paroles aussi — considérées au point de vue des phonèmes et de la signification ; en poésie, il en est de même. Ces variations profitent aussi au rythme : dans le dessin uniforme qu'il fournit, elles apportent comme une variété de couleur, et cette variété, en distrayant l'attention du rythme, l'oblige de ce coté à un effort plus grand et plus conscient, qui devient par là même et moins monotone et moins vite machinal, moins vite insensible. D'autre part, le rythme fait n son tour ressortir la variété de la mélodie et du timbre des phonèmes, sur laquelle il attire et con- centre l'attention : par le martèlement de ses temps marqués, pour répé- ter cette comparaison, ii beats if info oiir soûl. Il dispose notre sensibilité il en recevoir l'impression ainsi renforcée avec entrain ou abattement, avec vivacité ou langueur. Il lui emprunte et lui prête appui. Aussi à d'autres points de vue : par exemple, on donne plus de cohésion aux éléments des unités rythmiques composées — phrases musicales ou membres de phrase et vers entiers — tantôt par des ritournelles, tantôt par le retour, à cer- tains temps marqués, soit d'une même note (la tonique surtout, mais aussi la dominante, la sous-dominante ou la tierce), soit d'un même phonème ou groupe de phonèmes (rime). Ce retour, encore souligné par le temps marqué, constitue un rythme mélodique, qui ramène un même efiet à intervalles égaux ou réguliers et en redouble ainsi la puissance (v.^ 1 26-1 Sa).

1^ 182. Les variations du rythme proprement dit peuvent porter soitsur le nombre, la durée relative et la disposition des éléments de l'unité ryth- mique, soit sur l'accélération et la force du rythme. Dans le premier cas, nous avons une modulation rythmique, dans le second une altération du tempo, de l'énergie ou de la marche. J'ai indiqué dans les paragraphes précédents (172-177) la valeur de ces divers aspects du rythme quand ils se présentent isolément, quand ils se répètent chacun ii part et sans modifi- cation. Mais quand ils s'entremêlent, cette valeur s'accroît par l'edct du contraste et de la surprise.

i^ i<S3. Dans les vers anglais la légèreté d'un pied trissyllabique nous frappe davantage quand il survient au milieu de pieds de deux syllabes, bien plus encore dans les vers à rythme essentiellement dissyllabique que dans les vers à rythme mixte. Après un trochée (^ v,. rrr 2 : i), le spondée irrationnel (^ - = 3/2:3/2) donne une plus grande impression de calme, et le tribiaque (0 w ^ ==r i : i : 1) une plus grande impression de vivacité.