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rythme croissant-décroissant rappelle celui du pas simple (v. Wundt, P/iys. Psycli., III, p. i5); lent et peu énergique, il se balance avec lan- gueur; rapide, il galope ou sautille.

§ 175. A durée égale, plus une mesure ou un pied contient de sons, plus l'activité s'exerce. En outre, comme il y a plus de sensations dans une même durée, plus le temps semble passer vite (v. i^ 3i). Ces deux causes donnent au rythme plus de rapidité, de légèreté, d'entrain. Si le rythme est croissant, comme dans les 'sjjia-rrjp'.a de Tyrtée, nous aurons l'allure d'une marche entraînante, d'une charge.

s^ 176. La durée relative des éléments du rythme joue un rôle considé- rable (i). Par risochronisme entre la forte et la faible, le rythme binaire (j. _) semble exprimer une égalité de durée entre l'effort et la détente, entre l'élévation et l'abaissement, la montée et la descente. Il est par suite plus régulier, plus énergique, plus ferme, plus robuste, plus grave, plus martial ; il a plus de force sereine et saine, plus de sûreté. Sa perception exige d'ailleurs un moindre effort, puisqu'il repose sur le rapport le plus simple (1:1): de là, toutes choses égales d'ailleurs, plus de calme et de clarté. C'est le rythme de la marche (2), des danses sérieuses, du récit, du discours, de la réflexion. Le rythme ternaire ne peut s'adaptera la marche qu'en réunissant ses mesures en dipodies, c'est-à-dire en groupes binaires. Par l'inégalité de durée entre la partie forte et la partie faible (1:2, plus souvent 2 : i), il est plus vif, plus animé, plus agité, plus troublant, quand il est rapide ; plus ondoyant, plus berceur, plus langoureux, plus envelop- pant, plus gracieux, quand il est lent. Il a plus de souplesse et de variété. Il convient au dialogue, au badinage, à l'excitation fiévreuse, à l'effort vio- lent ou essoufflé, aux alanguissements de la volupté, à la passion emportée ou défaillante. On en trouve tour à tour les deux effets dans la valse, sui- vant qu'elle est rapide ou lente.

Plus le rythme sera complexe, c'est-à-dire plus les rapports de ses élé- ments seront différents — par exemple dans ^ ^ ^ comparé à J et dans

• • • J comparé à J J J — plus il sera difficile à saisir à ce point de vue, mais plus il agira ensuite fortement sur notre sensibilité, dans un sens ou dans l'autre suivant ses autres caractères, mais plutôt dans un sens positif, puis- qu il complique et par suite augmente l'exercice de notre activité. Il com- prendd'ailleursdessensationsplusvariéesqu'un rythme plus simple, plus uni. § 177 On peut en dire autant du rythme composé : nos mesures compo- sées en fournissent l'exemple, avec leurs deux temps marqués de force dif- férente (3) ; les dipodies grecques en présententun plus complexe encore, à

(i) Les anciens ont analysé l'é/Zios des différents genres: v. Platon, RépubL, III, XI, Aristide Quintilien, II, i5, et op. Amsel, De vi atque indole rhylhmoruin, Breslauer philolog . Abhandl., I, 3.

(2) Y. les 'e'j.Zxzr,ç,'.x de Tyrtée, la Marseillaise, etc. Nos marches militaires sont à 2/4- Peut- être 4/4 conviendrait-il mieux dans beaucoup de cas, surtout quand il y a un pas simple par me- sure simple, non par temps (cp. p. 109, note 2).

(3) Le plaisir delà tension et de la détente que comporte l'attente satisfaite du temps marqué est en fonction directe de l'intensité du son fort. C'est sansdoufc pour celte raison, entre autres,